"M. Jarry (divers gauche), maire de la ville de 2004 à 2023, a été placé sous contrôle judiciaire, a précisé le ministère public.
Sa
mise en examen fait suite au dépôt, en novembre 2020, d'une plainte
avec constitution de partie civile du cabinet d'architectes Blond &
Roux et de deux autres sociétés, qui soutiennent que l'attribution en
2018 du chantier de réhabilitation du Centre Dramatique National
Nanterre-Amandiers s'est faite de manière irrégulière.
Dans ce
document, consulté par l'AFP, les plaignants estiment que les conditions
dans lesquelles le marché a été attribué à l'agence Snøhetta, au
détriment de Blond & Roux, sont "contraires aux dispositions
législatives et réglementaires garantissant la liberté et l'égalité
d'accès des candidats".
Ils affirment, entre autres, que le budget
du projet porté par Snøhetta est nettement supérieur à l'enveloppe
financière prévisionnelle de 28 millions d'euros fixée par la ville et
que la note de qualité architecturale du projet de Blond & Roux a
été dégradée de manière "inexplicable" entre les deux phases de la
procédure dite de dialogue compétitif.
"Je suis assez sidéré par cette mise en examen", a réagi M. Jarry dans une déclaration transmise à l'AFP.
"Je n'en comprends pas les motifs et je considère n'avoir rien à me reprocher", a-t-il ajouté.
"Je
n'avais aucun intérêt particulier ou personnel à proposer le choix de
cet architecte plutôt qu'un autre et j'ai constamment suivi la procédure
qui m'était proposée", se défend l'ancien édile, qui a été entendu le 5
mars par la brigade financière.
Le maire actuel de Nanterre, Raphaël Adam (divers gauche), a apporté son soutien à son prédécesseur.
"Patrick
Jarry est un élu dont l'intégrité et la droiture sont reconnues de
tous", a-t-il affirmé dans un communiqué. "Il a été amené à prendre des
décisions de ce type au cours de ses dix-neuf années à la tête de la
Ville de Nanterre. Aucune d'entre elles n'a fait l'objet de suites
judiciaires", a poursuivi M. Adam.
La mairie assure par ailleurs
que le choix des commanditaires du chantier (ville, département, région
et ministère de la Culture) s'est porté de manière unanime sur Snøhetta.
"Faux", a réagi auprès de l'AFP Me Emmanuel Daoud, l'avocat de Blond & Roux.
"Lors
du comité décisionnel du 5 octobre 2018, l'Etat avait marqué sa
préférence pour le projet porté par mes clients et la ville de Nanterre
comme le département et la région avaient suivi", a-t-il ajouté.
"C'est
le lendemain, pour des raisons qu'il appartiendra à la justice pénale
d'expliciter, que la notation du projet Blond & Roux a été dégradée
de manière irrégulière", a-t-il assuré.
Également visée par une
procédure devant la justice administrative, la ville de Nanterre a été
condamnée le 18 décembre par la cour administrative d'appel de
Versailles à verser plus de 270.000 euros au cabinet Blond & Roux.
Dans
son arrêt, la cour estime que "le marché en cause est entaché de vices
entachant sa validité", ces irrégularités ayant privé Blond & Roux
"d'une chance sérieuse de remporter le contrat".
La juridiction a en revanche rejeté la demande d'annulation du chantier."
On ne lui reproche pas de s'être enrichi, mais d'être incompétent au point d'ignorer les règles d'attribution des marchés.
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